Aujourd’hui, en France, plus de trois millions de salariés sont exposés sur leur lieu de travail, de manière prolongée, à des niveaux de bruit potentiellement nocifs, en particulier dans l’industrie. Et, si la surdité professionnelle est considérée comme une des maladies professionnelles les plus coûteuses pour la collectivité, il y a également d’autres risques pour les collaborateurs exposés au bruit dans l’industrie.
Caractériser le bruit
Un bruit se caractérise essentiellement par son niveau et par sa fréquence :
Le niveau se mesure en décibels (dB) et détermine si un son est fort ou faible. Le niveau zéro correspond au seuil de l’audition humaine. Un écart de 1 dB correspond au plus faible intervalle entre deux niveaux sonores que l’oreille humaine sache détecter. Mais c’est à partir d’un intervalle de 3 dB qu’on perçoit vraiment une réelle différence.
La fréquence (notée Hz), elle, correspond à la hauteur du son. Plus la fréquence d’un son est élevée, plus le son est aigu.
La perception humaine des sons varie avec le niveau sonore et avec la fréquence. Dans la gamme des niveaux sonores de la vie courante (faibles à modérés), l’oreille est moins sensible aux sons graves et aigus qu’aux sons médium (compris entre 500 à 2000 Hz). Dans les niveaux sonores élevés, à l’inverse, l’oreille est davantage sensible aux sons graves.
Déterminer les conséquences du bruit pour les collaborateurs
Des troubles de l’audition
Outre le niveau sonore, la durée d’exposition est l’autre facteur déterminant dans l’apparition d’atteintes auditives. Le seuil de danger au-delà duquel des dommages peuvent survenir est estimé à 85 dB(A) (niveau moyen sur une journée de travail de huit heures). Mais, à partir d’un niveau sonore moyen de 80 dB(A) sur huit heures, le niveau d’exposition est préoccupant.
D’autres paramètres influent sur la nocivité des sons sur l’audition : un son aigu est plus dangereux qu’un son grave, un son pur, composé d’une seule fréquence, est plus traumatisant qu’un son complexe ou un son impulsionnel, soudain et imprévisible, est plus dangereux qu’un son d’apparition plus progressive.
De plus, des paramètres tels que l’âge, la vulnérabilité personnelle ou l’association avec certaines expositions (médicaments ou produits chimiques toxiques pour l’ouïe) peuvent aussi aggraver les risques d’atteinte auditive.
Si la douleur apparaît vers 120 dB(A), la fatigue auditive survient bien en dessous de ce seuil. Elle se manifeste par une baisse temporaire d’acuité auditive ou par l’apparition d’acouphènes (sifflements, bourdonnements). Si ces épisodes se répètent trop souvent, on parle alors de pertes auditives. Le traumatisme sonore chronique s’installe alors progressivement jusqu’au stade du handicap social.
Plus d’accident
Le bruit favorise la survenue d’accidents. En effet, il peut couvrir le son émis par un danger imminent ou masquer des signaux d’avertissement. Il peut aussi distraire les collaborateurs, ou contribuer au stress lié au travail. Et accroître ainsi le risque d’erreurs.
Plus de stress
Le stress lié au travail se produit lorsque les exigences de l’environnement de travail dépassent la capacité des collaborateurs à y faire face. La manière dont le bruit affecte leur niveau de stress dépend d’une conjugaison complexe de facteurs parmi lesquels la nature du bruit (volume, tonalité, prévisibilité), la complexité de la tâche à effectuer ou l’état de fatigue.
Appréhender un environnement trop bruyant
- Votre environnement de travail est-il trop bruyant ?
- Vous devez élever la voix pour parler avec un collègue situé à 1 mètre ?
- Vos oreilles bourdonnent pendant ou à la fin de votre journée de travail ?
- De retour chez vous, après une journée de travail, vous devez augmenter le volume de votre radio ou de votre téléviseur ?
- Après plusieurs années de travail, vous avez des difficultés à entendre les conversations dans les lieux bruyants (cantine, restaurant, etc.) ?
Si vous avez répondu oui à au moins une de ces questions, alors le bruit sur votre lieu de travail présente peut-être un risque pour la santé.